Comment se présente le millésime 2021 ?
7 octobre 2021

Si, pour un caviste, l’arrivée du mois de septembre rime avec retour au calme (après l’intense saison estivale), chez le vigneron le neuvième mois de l’année est celui du début des vendanges. Période cruciale s’il en est pour les femmes et les hommes qui font le vin.

Nous le constatons tous les jours, devant notre porte ou sur les chaînes d’info en continu, le climat se dérègle sérieusement. Ceux qui travaillent la terre s’en rendent compte quotidiennement. Ces changements mettent en péril leur production et questionnent nos modes de consommation.

Nous avons tous vu, au printemps, les feux allumés dans les vignes pour lutter contre l’effet du froid.

En cette période de vendange, le Cellier vous partage les témoignages de vigneronnes et de vignerons qui subissent de plein fouet les tempêtes climatiques et tentent de tenir la barre malgré tout.

Dans notre cher sud-ouest, Sophie du domaine du Moncaut était assez enthousiaste au sortir du mois d’août : « C’est très joli mais très en retard, il faut qu’il fasse beau pendant 1 mois… » disait-elle alors. Le mois de septembre lui offrira 100 millimètres de pluie…

ourtant, il reste des raisons d’être enthousiaste. En effet, pour elle, pas de problèmes  pour les cépages blancs qui ont pu mûrir sans s’abimer. Idem pour sa cuvée de rosé (l’incontournable Rosèita), pour laquelle il lui faut « des raisins frais et pas trop avancés ». Même son de cloche chez Philippe du Clos Basté (Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh). Pour lui, les blancs sont très jolis et le jus se goutte déjà bien.  De plus, bonne surprise, les rendements sont quasiment normaux malgré les quelques dégâts du gel au printemps. Paul Carricaburu, à Irouléguy, lui qui ne produit que du blanc sur un hectare et demi de vignes, a heureusement pu compter sur une forte solidarité et la présence de 25 amis qui ont trié, pendant plus de 5 heures et grain par grain chaque grappe de raisin. « Pour faire mieux il aurait fallu une pince à épiler » dira l’un d’eux. Résultat, Paul est satisfait de la qualité de la récolte qu’il a pu rentrer et ce, malgré la perte d’une parcelle entière à cause du gel.

Quand la météo nous laisse tranquille, il y a toujours de jolies choses à observer dans les vignes …

Pour les rouges, le tableau se noircit quelque peu… A Denguin, chez Sophie, il lui a été impossible d’atteindre le niveau de qualité attendue. Il n’y aura donc pas d’Hèita rouge en 2021 (comme en 2013 d’ailleurs) et Sophie de préciser : « il fallait plus de temps et de soleil pour que les pépins et les peaux avancent suffisamment en maturité ». Chez Philippe Mur, on reste prudent. Pour lui : « il va falloir piloter entre état sanitaire qui se dégrade sur certaines parcelles et maturité des peaux ». « Clairement, dit-il, on ne sera pas sur une année sur mûrie ; mais on peut espérer fraîcheur et complexité ! »

Ressenti quelque peu différent chez Pascale et Bixintxo du domaine Bordatto chez qui “les pommes sont magnifiques et nombreuses”. Pour ce qui est des vins, il faut encore un peu patienter : les vieux Tannat, de la parcelle Lur Umea, avancent prudemment (vu leur âge…). Mais il est probable qu’ils surprennent tout le monde, comme chaque année, par la qualité du jus qu’ils donneront.

Les fougueux pommiers du domaine Bordatto.

Dans une autre région viticole, dans l’Hérault, la famille Bergasse du domaine de Viranel dresse un constat amer.

Chez eux, les belles journées du mois de mars ont permis à la vigne de sortir de son sommeil hivernal plus précocement que de coutume. Verte et magnifique, elle a alors subi l’assaut du gel. Moins 7°C le 26 avril, du jamais vu à Saint-Chinian. Aucun moyen de réagir pour eux : ni hélicoptère, ni éolienne. Résultat, à peu près 80% de perte sur la récolte 2021 pour eux. 

A Viranel, la vigne est belle quand le ciel est dégagé…

Ces aléas ont toujours existé. Les vignerons gardent en mémoire les millésimes difficiles. Mais aujourd’hui, les anciens s’alarment sur la grande récurrence de ces évènements et donc, sur leur impact de plus en plus grand sur les vignes.

Il va sans dire que les indemnisations financières pour ces domaines sont toujours difficiles à obtenir. Les méandres administratifs ont l’air bien complexes et longs face à l’immédiateté et la radicalité des catastrophes climatiques qui s’abattent sur les vignobles.

A nous, consommateurs et cavistes, de comprendre et d’intégrer dans nos habitudes de consommation les difficultés rencontrées par les producteurs. 

Au Cellier, nous essayons toujours de vous raconter au mieux la vie des femmes et des hommes qui font les vins que vous dégustez.

Continuons ensemble à soutenir ces familles ! 

 

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