Dis moi comment tu t’appelles, je te dirai qui tu es…
5 juin 2020
Il existe bien des façons d’identifier ou de reconnaître une bouteille de vin. Les signes extérieurs ne manquent pas : la forme de la bouteille, le style de l’étiquette, le bouchon ou la capsule… Pour les plus chevronnés, le terroir, le millésime ou le cépage se reconnaissent à la dégustation et participent à l’identification d’une cuvée.

C’est autre chose qui nous intéresse ici. Il est un élément qui relève purement du choix du vigneron et qui va indéniablement influer sur le souvenir du consommateur, amateur ou non et c’est le nom choisi pour la cuvée.

Avant tout, essayons de cadrer cette réflexion en rappelant quelques principes, si tant est qu’ils existent…
Sans entrer dans le détail des fameuses « mentions obligatoires de l’étiquette principale », se trouvent souvent sur une bouteille de vin : le nom du producteur, le nom du domaine et, enfin, le nom de la cuvée.

Comment un vigneron choisit un nom pour sa cuvée ?
Il est évident que le choix du nom est crucial dans l’esprit du producteur. En effet, élaborer celle-ci et parvenir à son aboutissement relève presque de la gestation et de la naissance. Il convient donc de la nommer, comme un enfant naît du travail des femmes et des hommes du domaine.

Il existe alors plusieurs écoles.

Les Explicites
Ici, c’est le nom du domaine qui prévaut. Le nom de cuvée, lui, sert au mieux à situer le vin dans une gamme souvent large. Les exemples sont nombreux et le nom choisi disparaît rapidement dans les limbes de la mémoire du dégustateur. Comprenez ici que la cuvée « Tradition » est traditionnelle, que la « Grande Cuvée » est grande ou que la « Cuvée Prestige » est prestigieuse.

Au Château de la Liquière, la cuvée « Nos Racines » rappelle le travail des générations précédentes et les vieux cépages.

Les Allusifs
Le vigneron tient à faire partager au dégustateur une donnée de son environnement ou son terroir. Dans le cas d’une sélection parcellaire, c’est le nom de la parcelle qui est choisi pour désigner la cuvée. « Au Cerisier » de Julien Ilbert à Cahors est ainsi issue d’une parcelle plantée de ce bel arbre.
Autre référence végétale avec “Haitza” (le chêne en basque), cuvée du domaine Arretxea issue d’une parcelle surplombée par un grand chêne. Mais ce peut être aussi l’histoire du domaine qu’évoque le nom de la cuvée. 

 

Les Poétiques
La créativité n’a pas de limites et, bien souvent, les vignerons le sont (sans limites et créatifs). On peut ainsi trouver des avertissements glissés délicatement dans le nom des cuvées comme chez Matthieu Cosse avec « abstèmes s’abstenir » (l’abstème désignant celui qui ne boit pas). L’angle est à chercher plus loin parfois. Dans le dénivelé d’une côte cycliste par exemple avec « Le Petit Braquet » d’Alexandre Roux, sur les pentes du mont Ventoux évidemment.

Une chose est certaine, aucun nom de cuvée n’a de secret pour les cavistes du Cellier, il se feront un plaisir de vous en raconter les secrets. En effet, une partie du vin et de la dégustation se trouve dans les histoires des domaines, des femmes et des hommes qui font les vins.

Archives