Alors que nous entrons dans une période d’isolement nécessaire, nous attendons avec un peu d’impatience de partager à nouveau des moments conviviaux (qu’on vit jeune aussi d’ailleurs).
Dans ce contexte, un souvenir nous revient. L’un de ces moments qui émaillent la vie des cavistes. Nuits de discussions, d’échanges et de tire-bouchon avec les vignerons qui enrichissent notre culture et que l’on tente de raconter (pour ce qui est racontable) dans nos boutiques.

Nous sommes en juillet 2011. Sur le parking des Docks flambant neuf, un chapiteau se dresse. A l’intérieur de celui-ci, une vingtaine de vigneronnes et vignerons amis sont venus fêter les 20 ans d’activité de Christian. Parmi les producteurs, des piliers de l’histoire du Cellier des Halles et des Docks : Arnaud Bergasse de Viranel, François Vidal de la Liquière, Michel Riouspeyrous d’Arretxea, Roland Gessler de Joÿ, et bien d’autres …
La journée, radieuse, se déroule à merveille. Une fois le dernier verre lavé et les portes du magasin fermées. Toute une joyeuse assemblée, composée des vignerons, des équipiers de Christian, des amis et des familles, se rassemble au Negress&co alors tenu par Julie et Vincent.
La nuit enveloppe doucement ces joyeux drilles qui savourent les vins, vieux millésimes et magnums, apportés par les vignerons.
Il est deux ou trois heures du matin. Nous avons depuis longtemps terminé le dernier fût d’Akerbeltz ambrée de François Iraola. Nous en sommes à l’Armagnac pour les plus sages, au Patxaran pour les plus audacieux. Martine et Pierre-Marie Chermette ont usé leurs souliers au rythme de rocks endiablés.
C’est alors que Matthieu Cosse propose, plein d’à-propos, de vider nos verres de leurs contenus, de lui donner 50€ et de traverser la route jusqu’au Cellier des Docks pour « taper dans la cave ». La proposition ne laisse personne indifférents. D’abord parce qu’elle est alléchante mais aussi parce qu’elle est prononcée par un gars de près de deux mètres et plutôt convaincu.

Au-delà des sensations que nous ont procuré ces vins, c’est ce moment, en pleine nuit estivale, qui a marqué nos sens. Des rires, des tapes amicales, des sourires au milieu de quelques sérieux commentaires. De plus, de cette époque lointaine il ne reste que peu de photos. Point d’Instagramers prompt à dégainer leurs appareils pour immortaliser les flacons vides. C’est uniquement dans nos mémoires qu’est gravé ce souvenir. Et c’est très bien comme ça.